XIV

 

Une fois les présentations rapidement faites, elles demeurèrent face à face sous la coupole translucide de la salle circulaire.

— Ainsi, murmura Dajeil en inspectant la jeune femme de la tête aux pieds, vous êtes sa dernière conquête ?

Ulver fronça les sourcils.

— Oh non ! dit-elle en secouant la tête. C’est lui qui est la mienne.

Dajeil n’avait pas l’air de savoir quoi répondre.

— Ms Seich, fit une voix désincarnée, bienvenue à bord de Perspective Négative. Désolé de toute cette précipitation, mais je viens de recevoir des instructions de Service Couchettes selon lesquelles vous deviez être évacuée immédiatement, à mon bord.

— Merci, fit Ulver en regardant autour d’elle. Et Churt Lyne ?

— Il a exprimé le désir de rester à bord de Substance Grise, lui dit Perspective Négative.

— Je me disais bien que ces deux-là s’entendaient un peu trop bien, murmura Ulver entre ses dents.

Dajeil semblait vouloir demander quelque chose, mais elle s’abstint finalement. Au bout d’un moment, elle se leva, la main sur le bas du dos, avec une légère grimace. Elle indiqua la table près du mur.

— Asseyez-vous, dit-elle. J’allais justement dîner. Voulez-vous faire comme moi ?

— J’allais prendre mon petit déjeuner, dit Ulver en hochant la tête. Avec plaisir, merci.

Elles prirent place autour de la table. Ulver leva le petit livre qu’elle avait toujours à la main.

— Je ne voudrais pas être impolie, dit-elle, mais verriez-vous un inconvénient à ce que je finisse mon chapitre ?

Dajeil sourit.

— Pas du tout, murmura-t-elle.

Ulver lui fit un nouveau sourire et plongea le nez dans le petit volume relié.

— Excusez-moi, croassa une voix ténue sur le seuil, mais qu’est-ce qui se passe ici ?

Dajeil se tourna vers l’oiseau noir, Gravious.

— Nous sommes évacués, lui dit-elle. Vous pouvez rester dans la cave. Laissez-nous, maintenant.

— Merci pour votre hospitalité, crachota l’oiseau en faisant volte-face pour descendre en sautillant l’escalier en colimaçon.

— Il est à vous ? demanda Ulver à Dajeil.

— Il était censé être un compagnon, fit cette dernière en haussant les épaules. Mais c’est plutôt un trouble-fête.

Ulver hocha la tête d’un air compréhensif avant de se replonger dans sa lecture.

Dajeil commanda à manger pour deux ; un plateau asservi apparut, chargé d’assiettes, de bols, de gobelets et de pichets. Deux serviteurs à roulettes arrivèrent pour enlever les débris laissés par le soudain Déplacement d’Ulver de Substance Grise à Perspective Négative ; le rembourrage des coussins, léger comme une plume, leur posa un problème. Le plateau asservi commença à disposer les couverts sur la table et à distribuer les plats ; Dajeil le regardait faire en silence. Ses mouvements étaient habiles et efficaces. Ulver Seich était toujours plongée dans son livre, dont elle tourna une page. Puis un drone du vaisseau se présenta, flottant à hauteur de l’épaule de Dajeil.

— Oui ? dit-elle.

— Nous quittons le hangar, l’informa Perspective Négative. Le voyage jusqu’à l’enveloppe externe du VSG durera deux minutes et trente secondes.

— Ah ! Très bien. Merci, lui dit Dajeil.

Ulver Seich leva les yeux vers lui.

— Voulez-vous demander à Substance Grise de transporter mes affaires ici ? dit-elle.

— C’est déjà fait, répliqua le drone, qui flottait déjà vers le colimaçon.

Ulver hocha de nouveau la tête. Elle mit le signet en place, ferma le volume et le posa à côté de son assiette.

— Ainsi, Ms Gelian, dit-elle en croisant les mains sur la table, nous allons voyager ensemble ?

— Oui, fit Dajeil en commençant à se servir. Il y a longtemps que vous êtes avec Byr, Ms… Seich, je crois ?

Ulver hocha affirmativement la tête.

— Je ne le connais que depuis quelques jours. On m’a envoyée pour que je tente de l’empêcher d’arriver jusqu’ici. Ça n’a pas marché, comme vous voyez. Je me suis retrouvée coincée avec ce type à l’intérieur d’une espèce de petit module. Juste nous deux et un drone. Pendant des jours. L’horreur.

Dajeil lui passa les plats.

— Et pourtant, dit-elle avec un sourire crispé, je suis sûre qu’une idylle n’a pas tardé à fleurir.

— Drôle d’idylle, en tout cas, fit Ulver en faisant glisser quelques tranches de solpain d’une coupe vers son assiette. Je ne pouvais pas le supporter. Je n’ai couché avec lui que les deux dernières nuits, pour tromper l’ennui, je suppose. N’empêche qu’il est très séduisant. Un vrai charmeur, vraiment. Je comprends que vous lui ayez trouvé quelque chose. Mais qu’est-ce qui n’a pas marché entre vous ?

Dajeil s’immobilisa, la fourchette levée. Ulver lui souriait de manière désarmante sans cesser de mâcher une bouchée de fruit.

Dajeil avala, but une gorgée de vin et s’essuya les lèvres avec sa serviette avant de répondre :

— Je suis étonnée que vous ne connaissiez pas toute l’histoire.

— Personne ne connaît jamais toute l’histoire, fit Ulver d’un ton léger en agitant les bras.

Elle posa ses coudes sur la table.

— Même vous deux, je suis sûre que vous ne connaissez pas toute l’histoire, reprit-elle d’une voix plus calme.

De nouveau, Dajeil prit son temps pour répondre.

— Peut-être ne vaut-elle pas la peine qu’on la connaisse en entier, dit-elle.

— Le vaisseau ne semble pas de votre avis, répliqua Ulver.

Elle goûta au jus de fruits fermenté, qu’elle fit rouler sur sa langue avant de l’avaler.

— Il semble s’être donné beaucoup de mal pour vous mettre en présence l’un de l’autre, reprit-elle.

— Je sais. Il mérite bien sa réputation d’excentrique, n’est-ce pas ?

Ulver médita un instant.

— Très intelligent, pour un excentrique, dit-elle. Mais j’aurais cru qu’une telle détermination aurait pour objet quelque chose de plus… digne d’intérêt, ne trouvez-vous pas ? demanda-t-elle avec une grimace d’autodérision.

Dajeil haussa les épaules.

— Les vaisseaux peuvent se tromper aussi, dit-elle.

— Alors, vous pensez que tout ça n’a strictement aucun intérêt ? demanda Ulver d’une voix nonchalante en prenant un petit pain dans la corbeille.

— Non, fit Dajeil. (Elle baissa les yeux et lissa les plis de sa robe sur son ventre rebondi.) Mais…

Elle se tut, baissa la tête et demeura un bon moment silencieuse pendant que la jeune femme la regardait avec inquiétude.

Les épaules de Dajeil furent agitées d’un sursaut unique. Ulver s’essuya les lèvres, posa sa serviette et se leva pour faire le tour de la table jusqu’à elle. Elle se baissa pour poser un bras hésitant sur son épaule. Dajeil se pencha lentement contre elle. Elle posa finalement la tête au creux de son cou.

Le drone du vaisseau apparut à la sortie du colimaçon ; Ulver le chassa d’un geste.

Deux écrans muraux s’illuminèrent, montrant ce qui devait être, se dit la jeune femme, la coque de Service Couchettes en train de s’éloigner lentement. Deux autres écrans affichèrent une muraille d’un gris quadrillé en train de se rapprocher. Elle supposa que les deux minutes mentionnées plus tôt par le drone étaient passées.

Dajeil pleura quelques instants. Puis elle demanda à voix basse :

— Vous croyez qu’il m’aime encore ? Un tout petit peu ?

Ulver prit un air peiné ; mais seuls les capteurs du vaisseau enregistrèrent l’expression. Elle prit une profonde inspiration.

— Un tout petit peu ? répéta-t-elle. Oui, bien sûr.

Dajeil renifla bruyamment et leva les yeux pour la première fois. Elle laissa entendre une sorte de rire à demi désespéré en essuyant avec ses doigts les larmes qui coulaient sur ses joues. Ulver prit une serviette propre sur la table et l’aida à finir le travail.

— Ça ne signifie plus grand-chose pour lui, n’est-ce pas ? demanda Dajeil.

Ulver replia soigneusement la serviette tachée de larmes.

— Ça signifie beaucoup pour lui parce qu’il est là. Parce que le vaisseau l’a fait venir uniquement dans ce but, pour que vous discutiez tous les deux.

— Mais le reste du temps, fit Dajeil en se redressant de nouveau pour rejeter la tête en arrière. Le reste du temps, il n’y pense même pas, c’est bien ça ?

Ulver prit une inspiration d’une longueur presque exagérée. Elle donnait l’impression de vouloir nier avec véhémence ce qui venait d’être dit, mais elle s’accroupit pour murmurer :

— Écoutez, c’est à peine si je le connais, ce type. (Elle agita les mains.) J’ai appris pas mal de choses sur lui avant de le rencontrer, mais il n’y a que quelques jours que cela s’est passé. Et je peux vous dire que nous avons fait connaissance dans des circonstances vraiment particulières. (Elle secoua la tête, soudain très grave.) Je ne sais pas qui il est vraiment.

Dajeil se balança d’avant en arrière sur son siège durant quelques instants en fixant les plats sur la table.

— Vous le connaissez suffisamment, dit-elle en reniflant. C’est bien assez comme ça. (Elle lissa de son mieux ses cheveux en désordre. Puis elle contempla la coupole translucide.) Tout ce que je sais de lui, moi, dit-elle, c’est celui qu’il est devenu pendant qu’il était avec moi. (Elle regarda Ulver.) J’ai oublié à quoi il ressemblait le reste du temps. (Elle prit la main d’Ulver dans les siennes.) Vous, vous le voyez tel qu’il est.

Ulver haussa lentement les épaules.

— Si c’est comme ça, dit-elle, troublée, d’une voix mesurée, je suppose qu’il n’y a rien à lui reprocher.

Les écrans, sur le mur circulaire de la salle, montraient des quadrillages d’un gris flou en expansion. Ils grossissaient, avalaient le vaisseau puis disparaissaient derrière lui pour faire place à d’autres. Le dernier champ était en train de se rapprocher. Il éclata, laissant voir un fragment d’espace noir, puis –, dans un brouillard d’étoiles précipitées, accompagné d’une sensation de dislocation semblable à celle qu’Ulver et Genar-Hofoen avaient éprouvée en arrivant deux jours plus tôt à bord de Service Couchettes – Perspective Négative se libéra du VSG et se lança dans une trajectoire divergente à l’intérieur de sa propre collection de champs concentriques.

— Et moi, dans tout ça, je suis quoi ? demanda Dajeil à voix basse.

Ulver haussa les épaules. Elle regarda le ventre de Dajeil.

— Toujours enceinte ? suggéra-t-elle.

Dajeil la dévisagea. Puis elle fit entendre un petit rire. Elle baissa de nouveau la tête. Ulver lui tapota la main.

— Racontez-moi, si vous voulez.

Dajeil renifla et s’essuya le bout du nez avec la serviette pliée.

— Oui, dit-elle. Je suis sûre que ça vous touche vraiment.

— Croyez-moi, les problèmes des autres ont toujours exercé sur moi une profonde fascination.

Dajeil soupira.

— Les problèmes des autres sont les meilleurs auxquels on puisse être mêlé, dit-elle d’une voix grave.

— C’est exactement mon point de vue.

— Je suppose que vous pensez, vous aussi, que je devrais lui parler ?

Ulver leva de nouveau les yeux vers les écrans.

— Je ne sais pas. Mais si l’idée vous a effleurée, vous auriez intérêt à profiter de l’occasion, avant qu’il ne soit trop tard.

Dajeil tourna la tête vers les écrans.

— Oh ! Nous sommes en route ! dit-elle d’une toute petite voix.

Elle se tourna vers l’autre femme pour lui demander :

— Vous croyez qu’il a envie de me voir ?

Ulver crut déceler une nuance d’espoir dans sa voix. Le regard troublé, elle murmura :

— C’est un idiot s’il n’en a pas envie.

Elle se demandait pourquoi elle se montrait si diplomate.

— Ha ! fit Dajeil.

Elle s’essuya de nouveau les joues du revers de la main. Puis elle se passa les doigts dans les cheveux. Elle sortit un peigne de la poche de sa robe et le tendit à Ulver.

— Ça vous dérangerait de… ?

Ulver se mit debout.

— Uniquement si vous me dites que vous lui parlerez, fit-elle en souriant.

Dajeil haussa les épaules.

— Peut-être.

Ulver se plaça derrière elle pour peigner ses longs cheveux noirs.

~ Vaisseau ?

~ Ms Seich ? Ici Perspective Négative.

~ Je suppose que vous écoutiez. Voulez-vous contacter le VSG ?

~ J’écoutais, en effet. J’ai déjà contacté Service Couchettes. Mr Genar-Hofoen et l’avatar Amorphia sont à bord. Ils vont venir ici.

~ C’est du rapide, au moins, lui dit Ulver en continuant de coiffer Dajeil.

— Ils vont venir, annonça-t-elle à haute voix. Byr et l’avatar.

Dajeil ne fit pas de commentaire.

 

Deux ponts plus bas, dans la zone de réception, Amorphia se tourna vers Genar-Hofoen, tandis qu’ils avançaient dans une coursive, pour murmurer :

— Il vaudrait peut-être mieux qu’elle ne sache pas que nous avons été Déplacés à bord en même temps qu’Ulver.

— J’essaierai de ne pas vendre la mèche, fit l’humain d’une voix amère. Tâchons de nous débarrasser le plus vite possible de cette corvée, d’accord ?

— Voilà ce que j’appelle la bonne attitude, murmura l’avatar en entrant dans l’ascenseur.

Ils s’élevèrent dans la réplique de la tour.

Excession
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